Nous tenons à préciser que ce forum a été créé dans le but de vous faire découvrir la possibilité d'une éducation utilisant une approche positive et respectueuse de votre chien.
Si vous avez des problèmes avec votre ou vos chiens, nous vous recommandons vivement de faire appel à un éducateur canin spécialisé en rééducation comportementale ou à un comportementaliste (utilisant le renforcement positif et aucun outil coercitif, cela va sans dire).
Les explications et conseils donnés sur ce forum ne sont là que pour vous orienter et vous informer des possibilités qui vous sont offertes pour éduquer votre compagnon à quatre pattes.
L'Equipe du Forum
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Sujet: Re: La notion de punition Mar 23 Oct 2012 - 16:50
Non regarde , j'ai bien la source dessous (ici en rouge)
Pourquoi punir ne sert à rien
… « Le truc : ignorez les comportements indésirables et renforcez ceux que vous aimez. Tout animal, y compris l’homme, recommence les comportements appris pour lesquels il a été renforcé. C’est une loi infaillible et incontournable. Je suis récompensé, alors je vais recommencer ! Par contre, le contraire n’est pas toujours vrai. J’aime ça et je suis puni ? aucune leçon à en tirer ! Un comportement fautif entraîne une punition que l’animal n’associe à rien. La punition est donc inutile, à moins que l’animal fasse le lien concret et précis entre son acte et cette punition. Avez-vous cessé de dépasser les limites de vitesse depuis que vous avez eu une contravention ? Bien sûr que non, et pourquoi ? Parce que, quand nous sommes punis, le cerveau cherche dans l’environnement immédiat des associations à faire pour que, si la situation se reproduit, nous puissions éviter la punition. « J’ai reçu une contravention parce que roulais trop vite sur le boulevard X. Dorénavant, je vais diminuer ma vitesse seulement sur le boulevard X. » « J’ai reçu une contravention parce que je roulais trop vite à la vue d’un policier. Dorénavant, je vais surveiller la présence des autos de police. » Vous trouvez des solutions pour éviter une autre contravention, mais vous allez rarement vous conformer aux règlements, ou alors pour un très court laps de temps. Le phénomène est identique avec le chien. « ….
Source : Jacinthe bouchard Livre : « Devenez le meilleur ami de votre chien »
laetitia234 Compte inactif
Nb de messages : 172
Sujet: Re: La notion de punition Mar 23 Oct 2012 - 19:23
ah oui je vois !!!
Gwadisa Lutine Compte inactif
Nb de messages : 494 Age : 53 Localisation : Guadeloupe Emploi : Educateur canin professionnel - Membre MFEC
Sujet: Re: La notion de punition Mar 23 Oct 2012 - 19:26
PowerUser  
Nb de messages : 45875 Age : 48 Localisation : Dans la matrice! ^^ Emploi : Oracle
La punition ... définition, observer pour comprendre, alternatives ...
Après avoir constaté qu’ il est parfois difficile pour beaucoup de maîtres de chiens de se souvenir de la différence entre punition positive et punition négative, termes techniques du monde canin, nous vous proposons cet article.
Certaines des alternatives proposées sont en réalité des punitions négatives (c’est à dire que l’on retire au chien une chose lui plaisant). L’essentiel n’est pas de connaître la définition de ces termes mais plutôt de savoir quelle attitude adopter pour répondre aux besoins essentiels de son chien et à son bienêtre.
PUNITION : Une définition du dictionnaire bien explicite…
Action d'infliger une privation, un châtiment, de faire subir une peine pour une faute commise. Peine infligée à quelqu'un pour une faute dont il est jugé responsable, dans le but de l'aider à s'amender.
Comment le chien qui ne connaît ni le bien ni le mal (notions qui sont d'ailleurs fort relatives)et qui n'est pas en possession de notre système de valeur pourrait-il comprendre le sens d’une punition ?
Ce comportement que nous jugeons inapproprié dans notre monde humain l’est-il dans le monde canin ?
Des résultats d’études ont montré à plusieurs reprises que les punitions en réaction à un comportement indésirable ne donnaient aucun résultat favorable sur le long terme. Plusieurs explications sont possibles :
Une punition ne s’attaque pas à la cause du comportement, il s’agit juste d’une conséquence. Bien que certaines punitions aient un effet positif sur le court terme, le risque est grand que le comportement indésirable soit très vite remplacé par un autre comportement indésirable. Les punitions sont généralement efficaces uniquement lorsqu’elles surviennent dans un contexte particulier et qu’elles sont appliquées par une personne spécifique. Les chiens fonctionnent par association donc une punition positive peut être associée à n’importe quel élément de l’environnement. La punition peut conduire à un comportement agressif du chien vis-à-vis de la personne qui sanctionne mais aussi de l’environnement. La punition génère du stress, de l’anxiété et de la peur. Elle fragilise la relation, la confiance et bloque la communication.
Si vous punissez un chien, vous voulez qu’il en apprenne quelque chose ?
Le chien doit pour cela pouvoir établir le lien entre la punition et son comportement. Or, les chiens sont dans l’impossibilité d’établir ce lien et il leur arrive même d’associer la punition à un détail insignifiant de l’environnement mais en aucun cas au comportement produit.
Dans notre monde humain orienté sur la répression plus que l’encouragement, la punition est souvent une procédure utilisée pour cesser un comportement gênant sans même en chercher l’origine. La punition n’est que la conséquence d’un comportement mais elle néglige la cause.
La punition n’est pas éducative, parfois elle soulage celui qui puni mais elle ne montre pas ce qu’il faut faire…
Observer,comprendre …
Pour faire cesser un comportement, Il est important de connaître la fonction des comportements qui posent problème. Il s'agit d'identifier dans quel contexte le comportement apparaît et par quels facteurs il est maintenu.
Observer la source de maintien d'un comportement parmi les trois principales :
Obtenir de l'attention. C'est un puissant renforçateur. Une interaction même négative reste une interaction. L'auto stimulation : Le comportement se maintient car le faire procure du plaisir. L'échappement /l'évitement d'une tâche que l'on considère désagréable.
Se poser les bonnes questions pour Comprendre…
Dans quel environnement ou dans quelle situation le comportement se manifeste-t-il le plus souvent ? Avec qui le comportement se manifeste-t-il le plus souvent ? Y a-t-il quelque chose dans l’environnement qui déclenche le comportement ?(Pensez notamment aux bruits, aux odeurs etc. ) Le comportement a-t-il un lien avec un contretemps ou une attente ? A quel moment de la journée le comportement se manifeste-t-il le plus souvent ? Quand le comportement ne se manifeste-t-il jamais ? Votre chien a-t-il compris ce que vous attendez de lui ? Y a-t-il beaucoup de stimulants dans l’environnement ? Le comportement a-t-il un lien avec des intérêts spécifiques ? Le comportement a-t-il un lien avec une émotion particulière ? Etc.
Les alternatives :
Le renforcement : Faire suivre un comportement souhaité par quelque chose que le chien apprécie. Plusieurs renforçateurs possibles : La friandise, la voix, la caresse, le jeu.
L’extinction : Ignorer un comportement de façon à ce qu’il ne reçoive aucun renforcement et quel’animal cesse de le reproduire, n’y voyant aucun avantage.
L’isolement temporaire : Mettre l’animal à l’écart pour le retirer d’une situation problématique ou générant trop d’émotion. L’avantage de cette alternative permet de faire baisser la frustration chez l’animal ou de le sortir d’une situation délicate comme un danger mais aussi, donne au propriétaire l’occasion de se calmer pour avoir la réaction adéquate.
Substitution du stimulus : Modifier l’élément déclencheur du comportement désagréable, de façon à diminuer les chances que le dit comportement soit invité à réapparaître. Consiste à retirer ce qui déclenche le comportement.
Satiété du stimulus Miser sur le fait que le chien se lassera si on reproduit en permanence ce qui déclenche le comportement. (Ex la sonnette face à l’aboiement).
Auteur et source : Association les Psycho'pattes - 1er février 2014
Ce n’est pas en interdisant qu’on enseigne. C’est en montrant…
Dernière édition par PowerUser le Ven 29 Aoû 2014 - 12:34, édité 1 fois
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Nb de messages : 45875 Age : 48 Localisation : Dans la matrice! ^^ Emploi : Oracle
Sujet: Re: La notion de punition Dim 9 Fév 2014 - 21:50
Et pour la petite anecdote:
Citation :
Faire du vélo …
Quand je vois tous ces maîtres, mal informés, qui, pour apprendre à leur chien à marcher en laisse par exemple, lui donne des saccades sur la laisse, éventuellement avec un collier étrangleur, je ne peux m’empêcher de penser à la façon dont mon père m’a appris à faire du vélo : je devais avoir 4 ou 5 ans quand il m’a acheté un beau vélo tout neuf, un peu grand pour qu’il dure, disait-il !
A ma première chute j'ai reçu une gifle parce que "j’allais l’abimer"... Depuis, je ne sais toujours pas faire de vélo et l’idée même de devoir monter dessus me révulse…
Croyez-vous que votre chien, malmené lors de l’apprentissage d’un exercice, ait la moindre chance de l’apprécier par la suite ?
Dernière édition par PowerUser le Ven 29 Aoû 2014 - 12:35, édité 1 fois
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Nb de messages : 45875 Age : 48 Localisation : Dans la matrice! ^^ Emploi : Oracle
Sujet: Re: La notion de punition Ven 29 Aoû 2014 - 12:32
Citation :
Tout ce qu’on appelle « punition » s’adresse à ce que nous ne voulons PAS que le chien fasse… Si, effectivement votre chien peut momentanément cesser de faire ce qu’il est en train de faire… la question reste entière : que doit-il faire à la place? Votre chien n’en a aucune idée : apprenez-lui ce qu’il doit faire plutôt que de punir : la punition interrompt (parfois) mais n’apprend jamais rien.
La punition peut favoriser l’apparition de comportements de peur : si en promenade, votre chien aperçoit un passant qui, pour une quelconque raison, l’inquiète (chapeau, capuchon, canne, etc.), il se peut qu’il recule ou parte en avant en aboyant furieusement. En tirant violemment sur la laisse, en le grondant vertement pour ce comportement inacceptable, vous ajoutez une dimension de peur supplémentaire. Il était préoccupé, voir terrorisé, il doit maintenant également gérer la peur que vous lui infligez. Il peut aussi en déduire que, vous aussi, avez peur… ce qui va finir de le convaincre que ce qu’il vient d’expérimenter est décidément inquiétant et le conduira à réagir encore plus fort la prochaine fois. Optez pour une stratégie plus efficace, anticiper, renforcer avant qu’il ne démarre ou renforcer au stade le plus minime de sa réactivité. Le calme et la maîtrise de soi appellent le calme et la maîtrise de soi.
Certaines punitions renforcent en réalité un comportement : votre chien aboie au jardin, vous ouvrez la porte-fenêtre et vous lui hurlez de se taire (je vous laisse choisir la terminologie). Vous l’avez regardé, vous lui avez parlé : s’il était en recherche d’attention, il aura obtenu précisément ce qu’il cherchait et ce même si votre ton est furibond et vos paroles sont peu aimables. Gérez l’environnement, occupez-le.
La punition peut nuire à votre relation : tout le travail que je fais avec les chiens est fondé sur la qualité de la relation entre vous et votre compagnon canin. La punition crée une confusion et entame la confiance qui sont le fondement même de toute saine relation. Pour ma part, je crois fermement qu’il est préférable de mériter cette confiance, d’obtenir le respect à travers une éducation empreinte de considération pour l’autre plutôt que de chercher à obtenir des résultats à travers l’intimidation ou la force physique.
Pour être efficace, une punition doit être immédiate : afin qu’il y ait la moindre chance qu’une punition soit efficace, celle-ci doit intervenir moins de deux secondes après le comportement que vous cherchez à sanctionner : êtes-vous sûr de pouvoir réagir dans un laps aussi court? Administrée trop tard, elle devient violence gratuite.
La punition peut être généralisée… ou pas : vous dites « au pied » à votre chien. Il tire en laisse et vous le tirez violemment en arrière. Qu’est-ce que ça veut dire pour le chien? Ne pas tirer? Peut-être mais… ne pas tirer sur CE trottoir? quid des autres trottoirs? ou ne pas tirer sur le trottoirs mais il peut tirer en campagne? Les variations sont infinies. Nous n’avons aucune idée si notre chien comprend au sens large ce que nous cherchons à interrompre définitivement, ce qui va nous obliger à multiplier les corrections à l’infini. On peut par contre travailler à généraliser un bon comportement.
La punition sera-t-elle associée au comportement que nous désapprouvons? Imaginez-vous en train de hurler sur votre chien parce qu’il pourchasse le chat du quartier. Il vous entend hurler et qu’en déduit-il? qu’il ne devrait pas pourchasser le chat? Peut-être, mais peut-être il vous imaginera en colère parce qu’il ne court pas assez vite et n’a pas attrapé le chat? ou encore, si un enfant est en vue quand vous hurlez sur votre chien – fera-t-il une association entre votre colère et les enfants qu’il percevra ensuite comme une source de peur? Gérez l’environnement, apprenez le contrôle pas à pas.
L’ordre « empoisonné » : vous dites « assis » (votre chien s’assied) = bonbon, récompense, chouette. « Assis » (le chien ne s’assied pas) = punition (coup de laisse). Dès cet instant, le chien ne sait plus si l’ordre « assis » est une bonne nouvelle ou une très mauvaise nouvelle et il a de grandes chances de se mettre à redouter les conséquences de cet signal, ce qui l’amènera à y répondre avec de plus en plus d’hésitation. Vos « ordres » doivent être des signaux, des simples feux verts à la possibilité de quelque chose de plaisant : toujours.
La punition peut amener le chien à la dite « résignation apprise » : à force de punitions répétées, votre chien peut ressentir que – quoi qu’il fasse – ça ne va jamais et qu’il est donc préférable de ne plus rien faire du tout. Il se renferme et endure. L’alternative? Apprenez-lui un comportement approprié.
La punition peut favoriser l’apparition d’un comportement de substitution : quand votre chien aboie, creuse ou détruit il peut chercher à se calmer – tout comme un enfant s’apaise par le bercement… Vous n’avez aucune idée de quel comportement va venir remplacer le premier : il peut se révéler pire que le précédent. Ne le laissez pas se construire son propre curriculum au fil hasardeux de ses expériences – apprenez-lui un comportement adéquat.
La science du comportement nous apprend que la punition doit être administrée de telle manière à faire cesser un comportement sur le champ : si cela n’est pas le cas, l’humain aura tendance à augmenter l’intensité de la punition par paliers successifs. Le chien se « fait » progressivement à ces punitions et vous serez dès lors obligé d’avoir recours à une punition magistrale, qui suscitera la peur et la méfiance chez votre chien et la culpabilité chez vous.
Le chien peut s’imaginer que la punition est inhérente à votre présence : votre chien devrait percevoir la punition comme le résultat direct de son comportement. Elle devrait venir de son environnement, idéalement. Si, au contraire, il fait la relation entre la punition et vous, son propriétaire, il risque de maintenir son « mauvais comportement » quand vous n’êtes pas dans les parages.
Quelle est la limite « acceptable » d’une punition? Comment définir la limite « acceptable » entre une technique impliquant une punition physique et… l’abus ou, appelons un chat un chat, la maltraitance?
La punition vous fait-elle du bien, à vous? Le but de votre approche et de votre éducation, quelle qu’elle soit, doit être la modification du comportement de votre chien, exclusivement, et non pas un exutoire pour notre propre frustration. Induire la peur et la douleur n’est pas éduquer.
Traduction article de Jennifer Cattet, Ph.D. septembre 22, 2014anxiété, apprentissage, Blog, chiot, coercitif, Comportement, crainte, éducation, jeune chien, Non classé, Peur Partager :Share on FacebookTweet about this on TwitterPin on Pinterest
Les actes punitifs ont plus d’impact que les récompenses – par Jennifer Cattet Ph.D.
On pourrait imaginer que, choisir entre punition et récompense dans notre travail avec les animaux, constitue un simple choix personnel ou une préférence inhérente à chacun d’entre nous.
Nous avons recours aux outils à notre disposition que nous estimons les plus efficaces et que nous avons appris à maîtriser. S’il est possible d’apprendre à un chien à s’asseoir en appuyant sur son arrière-train, pourquoi recourir à un système de récompenses ?
Si la correction véhiculée par une laisse qu’on secoue peut mettre un terme à une marche désordonnée du chien ou à ses bonds inacceptables sur d’autres personnes, pourquoi utiliser des friandises – souvent considérées comme un chantage au comportement ? Des comportements qu’il est possible d’apprendre au chien par l’application maîtrisée d’un aversif visant décourager des impulsions indésirables.
D’autres considèrent, au contraire, qu’utiliser un système de récompenses reste la meilleure manière de procéder et s’attachent à éviter tout inconfort, forme d’autorité et douleur sur l’animal ? Ils visent à encourager la créativité de l’animal qu’ils éduquent et à développer sa capacité à résoudre un problème. Pourquoi ne pas apprendre au chien que s’asseoir sur demande est quelque chose d’agréable et donc préférable à d’autres comportements ?
Choisir de récompenser, plutôt que de punir, n’est pas uniquement un dilemme fondé sur des concepts d’efficacité, d’éthique ou de choix personnel. Les études menées aussi bien sur les humains que sur les animaux nous ont démontré que les expériences négatives ont un impact plus rapide et plus durable que les positives. Pourquoi ? Parce qu’une des fonctions essentielles du cerveau est de nous garder en vie, en nous permettant d’apprendre, rapidement, comment y parvenir en évitant les situations dangereuses et potentiellement mortelles ; une stratégie de survie.
En conséquence, l’utilisation d’un aversif est beaucoup plus susceptible d’avoir un impact émotionnel plus important et donc de favoriser la survenue de problèmes annexes.
Plusieurs chercheurs estiment que la principale fonction des émotions est de provoquer des comportements adaptatifs immédiats dans un but de survie. Chez l’humain, ce phénomène a fait l’objet de bien des recherches dans les 40 dernières années. En ce qui concerne la régulation des émotions, nous partageons avec les animaux une structure cérébrale similaire. Cette similitude nous permet de mieux comprendre ce qui se passe chez nos animaux de compagnie.
En conseil conjugal, la nécessité d’avoir avec un partenaire de vie un minimum de cinq interactions positives pour une seule négative est un concept notoire et acquis (Marano, 2004). Il suffit d’un mot dur, d’une critique ou d’un commentaire sarcastique pour occulter un certain nombre de manifestations d’appréciation et d’amour. Nous avons tendance à nous focaliser sur le commentaire négatif qui provoque en nous un sentiment de dépréciation et de manque de respect. De la même manière, perdre une somme d’argent ou un ami cher a un impact plus fort sur nos émotions que son pendant positif (gagner une somme d’argent, se faire un nouvel ami).
Un simple contact visuel fugitif avec un cafard sur une table alléchante peut nous décourager de consommer un repas qui nous faisait envie. Quel antidote peut-on opposer à ces émotions ? Il n’existe pas d’équivalence.
Un proverbe russe dit « une cuillère de goudron peut gâcher un baril de miel mais une cuillère de miel ne changera pas un baril de goudron » (Rozin & Royzman, 2001).
Des études sur les aversions gustatives conditionnées chez l’humain et l’animal ont démontré qu’il suffit d’une seule exposition pour créer un apprentissage durable (Garcia & al., 1974). Le mauvais l’emporte généralement sur le bon.
Comment est-ce possible d’avoir des effets aussi asymétriques ? Tout simplement parce qu’il est infiniment préférable de sur-réagir à une menace perceptible que de ne pas réagir devant une menace réelle ! Quand il s’agit de survie, il est probable que nous n’aurons qu’une seule et unique chance de réagir, et donc de nous construire un apprentissage, suite à une expérience potentiellement mortelle. Au contraire, si nous oublions de remarquer quelques baies appétissantes sur le côté du chemin, nous ne risquons finalement pas grand-chose.
Il est donc évident que cette prédominance du négatif porte en soi une valeur adaptative. Les évènements négatifs portent en eux un potentiel de conséquences dommageables plus significatif que ne le sont les conséquences bénéfiques suite à événement positif. Il n’y a pas d’équivalence positive à la mort par exemple. Il est donc de première importance, pour tout être vivant, de reconnaître et d’apprendre quels évènements peuvent mener à une conséquence irréversible.
Tout événement négatif exige une réponse extrêmement rapide et ne laisse pas beaucoup d’options d’essai et d’erreur alors qu’un événement positif pourra être expérimenté de manière répétée. Plus vite un animal saura identifier le danger, plus sa vie pourra être préservée. Dans la vie sauvage, le cerveau d’un animal peut être extrêmement rapide à réagir face à un danger, tout en étant parfaitement capable de revenir à un état d’homéostasie (d’équilibre) tout aussi rapidement. Un cheval sauvage courra au maximum de sa vitesse pour échapper à un puma mais recommencera aisément à brouter une fois le prédateur disparu. Entre chaque attaque, il peut y avoir des moments de contrôle attentif de la ligne d’horizon mais pas de facteurs de stress réels.
Comment transférer ces concepts à l’éducation des animaux de compagnie ? Tout aversif, en d’autres termes tout ce qui est perçu par le chien (ou le cheval, le chat, le furet, etc.) comme désagréable, effrayant ou douloureux aura un effet plus durable que sa version agréable. Encore pire, puisque les stimuli négatifs monopoliseront toute l’attention de l’animal, ils le privent en conséquence de sa capacité à résoudre un quelconque problème.
En effet, comment arriver à analyser une situation et comment arriver à la résoudre si les émotions sont à leur pic et qu’on se retrouve focalisé sur un élément aversif ?
Pour un chien, recevoir des corrections par des secousses sur la laisse n’est pas équivalent à recevoir des récompenses quand il marche correctement même si, en finalité, le chien peut apprendre à ne pas tirer – ou à marcher au pied – avec les deux approches.
D’un point de vue neurologique – chaque correction aura un fort impact négatif sur la psyché du chien, augmentant le stress et, potentiellement, un état de détresse en raison du nombre important de corrections requis.
Nous l’avons vu plus haut, dans la nature, les animaux savent et peuvent revenir rapidement à un état de détente. Notre cerveau n’est pas adapté à la survenue de facteurs de stress en continu. Les animaux sont prédisposés à échapper et à éviter les expériences déplaisantes en s’éloignant de la source de mal être ou de danger, arrivant ainsi à minimiser la récurrence de ces facteurs de stress.
Qu’arrive-t-il quand ils sont obligés de les endurer de manière continue sans, justement, dans l’impossibilité de s’y soustraire ? Un des arguments en faveur de l’utilisation d’un aversif que l’on me donne souvent, est que, la vie étant remplie d’expériences négatives, l’ajout d’un acte punitif ici et là ne changera pas grand-chose aux conséquences sur l’animal. Or, c’est précisément parce que la vie est déjà bien remplie de nombreux défis émotionnels que nous devrions faire tout ce qui est en notre pouvoir afin d’éviter d’ajouter d’autres expériences négatives inutiles que nos animaux de compagnie auront à surmonter.
Pouvons-nous aider nos animaux de compagnie à dépasser une expérience négative ? Pour notre plus grande chance, après un certain nombre d’expositions à une expérience positive, de nouvelles connections neuronales peuvent progressivement se développer. C’est ainsi que les animaux acquièrent un apprentissage. Il faudra toutefois énormément d’expériences positives pour contrecarrer une unique exposition négative et, plus l’événement aura été traumatisant, plus ce sera long. Voilà pourquoi l’utilisation d’un aversif est risquée. Selon le degré de sensibilité de l’animal, mais également selon les associations faites par le cerveau (par exemple une association entre la personne administrant la punition et la punition elle-même), nous pouvons aisément nous trouver avec encore plus de travail à mettre en place par la suite que de bénéfices réels. Effacer les effets d’une expérience négative demande du temps et un réel engagement. Sans même entrer dans des considérations éthiques, d’un simple point de vue d’efficacité, il est donc préférable de favoriser les associations positives que les négatives.
Ce notion d’impact majeur du négatif sur tout être vivant est une des raisons qui doit nous rendre attentifs à garder un animal craintif et réactif en dessous de son seuil de peur et de réactivité (vous pouvez lire à ce sujet mon post « Réactivité et Agression chez le chien – la gestion et la réhabilitation). Si chaque expérience négative a plus d’impact sur le cerveau que plusieurs expériences positives, chaque fois que le chien ressent de la peur et/ou se montre réactif nous aurons empiré les choses. Les connexions neuronales du cerveau sont renforcées à chaque épisode. Il faudra donc encore plus de d’expositions positives à ce qui déclenche la peur pour que l’animal puisse dépasser celle-ci.
Sachant que le cerveau est conçu pour se focaliser plus vite et plus fort sur tout ce qui est négatif, il devient essentiel de comprendre comment ce phénomène influence le comportement de l’animal de compagnie. Les aider à se sentir en sécurité, les aider à développer leur capacité à gérer en favorisant les associations positives dans leur environnement est, tout simplement, un prérequis incontournable à leur bien-être.
Quel que soit notre degré d’attention et notre gestion de l’environnement, ils auront à endurer l’inconfort, la peur et la douleur. Sans en arriver à un contrôle excessif de leur vie, l’utilisation d’un aversif se présente comme la dernière option possible quand on travaille avec un animal et, de manière plus générale, dans toute relation avec l’autre.
Pour de plus amples informations à ce sujet, je vous propose de visionner la présentation de Rick Hanson PH.D, neurologiste et psychologue, dans la vidéo ci-dessous.
Auteure : Jennifer Cattet, Ph. D.
(Traduit par Cynthia Edelman-Rota pour « The Magic Clicker – Ecole de Clicker Training – Suisse)
mitee  
Nb de messages : 36144 Age : 44 Localisation : sud 92 Emploi : Préparatrice en pharmacie et bisounours
Sujet: Re: La notion de punition Jeu 25 Sep 2014 - 15:02
Citation :
En conseil conjugal, la nécessité d’avoir avec un partenaire de vie un minimum de cinq interactions positives pour une seule négative est un concept notoire et acquis (Marano, 2004). Il suffit d’un mot dur, d’une critique ou d’un commentaire sarcastique pour occulter un certain nombre de manifestations d’appréciation et d’amour. Nous avons tendance à nous focaliser sur le commentaire négatif qui provoque en nous un sentiment de dépréciation et de manque de respect. De la même manière, perdre une somme d’argent ou un ami cher a un impact plus fort sur nos émotions que son pendant positif (gagner une somme d’argent, se faire un nouvel ami).
Un simple contact visuel fugitif avec un cafard sur une table alléchante peut nous décourager de consommer un repas qui nous faisait envie. Quel antidote peut-on opposer à ces émotions ? Il n’existe pas d’équivalence.
Pensez à utiliser la fonction "Chercher"en mode simple ou avancé . 4 lettres mini et une étoile * si vous ne cherchez qu'une partie du mot. Si le mot recherché ne fait que 3 lettres ou moins, passez par la fonction "Recherche Avancée" cliquez sur le bouton google.
Aniolek  
Nb de messages : 4204 Localisation : dans le désert positif
Sujet: Re: La notion de punition Ven 26 Sep 2014 - 12:36
Merci Kali
"(...)one the brain’s function is to keep us alive and learning how to avoid painful or deadly situations is a matter of survival. As a result, using an aversive has a greater risk of impacting the animal’s emotional experience thus creating problems down the road. Many researchers believe that an important function of emotions is to trigger quick and adaptive behaviors to keep us alive (...).
(...) Any aversive, in other words, anything that is perceived by the dog (or the horse, cat, ferret, etc) to be unpleasant, scary or painful will have a more lasting effect than anything pleasant. Moreover, since negative stimuli get the animal’s attention, they also take away from their ability to problem solve. How do you try to think through a situation and understand what to do when your emotions are up and your attention is on the aversive? (...)
(...) From a neurological perspective, every correction will negatively impact the dog’s psyche, inducing stress and potentially even feelings of helplessness (...)".
De plus, totalement d'accord avec l'effet de la violence sur le cerveau.
"Parce qu’une des fonctions essentielles du cerveau est de nous garder en vie, en nous permettant d’apprendre, rapidement, comment y parvenir en évitant les situations dangereuses et potentiellement mortelles ; une stratégie de survie.
Tout aversif, en d’autres termes tout ce qui est perçu par le chien (ou le cheval, le chat, le furet, etc.) comme désagréable, effrayant ou douloureux aura un effet plus durable que sa version agréable. Encore pire, puisque les stimuli négatifs monopoliseront toute l’attention de l’animal, ils le privent en conséquence de sa capacité à résoudre un quelconque problème.
En effet, comment arriver à analyser une situation et comment arriver à la résoudre si les émotions sont à leur pic et qu’on se retrouve focalisé sur un élément aversif ?
D’un point de vue neurologique – chaque correction aura un fort impact négatif sur la psyché du chien, augmentant le stress et, potentiellement, un état de détresse en raison du nombre important de corrections requis."
Esquisse Compte inactif
Nb de messages : 1524 Age : 32 Localisation : Rennes
Sujet: Re: La notion de punition Ven 26 Sep 2014 - 13:49
"Tout aversif, en d’autres termes tout ce qui est perçu par le chien (ou le cheval, le chat, le furet, etc.) comme désagréable, effrayant ou douloureux aura un effet plus durable que sa version agréable."
J'ai hésité à partager l'article quand je l'ai lu il y a quelques jours... en partie à cause de cette phrase et de l'idée générale. J'ai peur que des maîtres ou éducs adeptes des méthodes tradi interprètent le raisonnement de travers.
Kali56 Compte inactif
Nb de messages : 4139 Age : 35 Localisation : Lorient (56)
Sujet: Re: La notion de punition Ven 26 Sep 2014 - 14:05
Esquisse a écrit:
"Tout aversif, en d’autres termes tout ce qui est perçu par le chien (ou le cheval, le chat, le furet, etc.) comme désagréable, effrayant ou douloureux aura un effet plus durable que sa version agréable."
J'ai hésité à partager l'article quand je l'ai lu il y a quelques jours... en partie à cause de cette phrase et de l'idée générale. J'ai peur que des maîtres ou éducs adeptes des méthodes tradi interprètent le raisonnement de travers.
En même temps ils arrivent toujours à retourner la situation en leur faveur
Certaines phrases sont peut-être mal tournés. Mais ce que j'apprécie dans cet article c'est que l'auteur reconnait que les méthodes coercitives "ça PEUT marcher" mais elle explique surtout POURQUOI. Et pour quelles raisons il faut exclure ce genre de méthodes.
Car il faut l'avouer, beaucoup se tournent vers ses méthodes pour leur efficacité et leur rapidité surtout. Et ne s'intéressent pas au "pourquoi du comment" et aux effets secondaires qui en découlent.
Elle ne se contente pas de dire "les méthodes coercitives c'est le maaaal et les méthodes positives c'est trop géniaaaalll !!!" (en référence à la pub, le cheval c'est trop génial)
Kali56 Compte inactif
Nb de messages : 4139 Age : 35 Localisation : Lorient (56)
Sujet: Re: La notion de punition Ven 26 Sep 2014 - 14:09
De rien Aniolek
Aniolek  
Nb de messages : 4204 Localisation : dans le désert positif
Sujet: Re: La notion de punition Ven 26 Sep 2014 - 14:28
pour les phrases peut être mal tournées Kali, j'ai trouvé que ca passait avec pertinance en anglais mais peut être que ce n'est que moi...
Kali56 Compte inactif
Nb de messages : 4139 Age : 35 Localisation : Lorient (56)
Sujet: Re: La notion de punition Ven 26 Sep 2014 - 20:56
Aniolek a écrit:
pour les phrases peut être mal tournées Kali, j'ai trouvé que ca passait avec pertinance en anglais mais peut être que ce n'est que moi...
Peut-être
Mais ça ne me dérange pas plus que ça.
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Sujet: Re: La notion de punition Sam 27 Sep 2014 - 2:30
Esquisse a écrit:
"Tout aversif, en d’autres termes tout ce qui est perçu par le chien (ou le cheval, le chat, le furet, etc.) comme désagréable, effrayant ou douloureux aura un effet plus durable que sa version agréable."
J'ai hésité à partager l'article quand je l'ai lu il y a quelques jours... en partie à cause de cette phrase et de l'idée générale. J'ai peur que des maîtres ou éducs adeptes des méthodes tradi interprètent le raisonnement de travers.
Idem.
C'est en ça que je trouve le propos maladroit.
Et puis, je ne suis pas d'accord.
On revient parfois de façon addictive à ce qui fait du bien et on connaît aussi les effets de cela sur le cerveau.
Sujet: Re: La notion de punition Sam 27 Sep 2014 - 13:17
Hyper intéressant cet article, merci...
Kali56 Compte inactif
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Sujet: Re: La notion de punition Sam 27 Sep 2014 - 13:39
nyx a écrit:
Hyper intéressant cet article, merci...
De rien
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Sujet: Re: La notion de punition Mer 2 Déc 2015 - 15:38
Citation :
La punition (encore elle)… octobre 26, 2014
Dans le microcosme de l’éducation canine, il existe deux grandes tendances qui s’opposent sans ménagement : les « pro-punition » et les « anti-punition ».
On pourrait donc imaginer diviser cette population en deux groupes distincts : le premier pense que la punition fonctionne (et donc l’utilise avec largesse) et l’autre, qu’elle ne fonctionne pas (et donc ne l’utilise pas). Le deuxième groupe est souvent affublé (par le premier) de l’appellation de « Bisounours ».
En langage courant, ce terme est généralement utilisé pour désigner des personnes candides ou très naïves…. Si vous ne punissez pas, si vous ne préconisez pas la punition c’est parce que vous vivez dans un monde parallèle où les rivières sont en sucre (enfin, j’imagine parce que j’ai quand même un peu beaucoup passé l’âge de regarder les Bisounours et mes propres enfants sont aux études supérieures).
Pas de chance, ce clivage ultra-simpliste est en totale contradiction avec que nous apprennent la bagatelle de plus de soixante ans de recherche sur le comportement et je ferai grand plaisir au groupe des « pro punition » en affirmant que, si la punition pose de très gros problèmes effectivement, celui qu’elle ne pose justement PAS est son efficacité.
PAR DÉFINITION – c’est le fait que le comportement diminue qui donne à un quelconque acte aversif son statut officiel de punition et non notre conception personnelle de celui-ci. Tout comme c’est le comportement qui vous confirmera si votre renforçateur est un renforçateur (s’il augmente), le comportement définit la punition (s’il diminue) : comment, dans ce cas, voulez-vous dire que la punition ne « fonctionne pas »?
La recherche en comportement nous apprend que la punition :
favorise l’émergence d’attitudes agressives favorise l’émergence de comportements d’évitement favorise l’émergence d’une certaine forme d’apathie et de désengagement de la part de celui « qui apprend » favorise une « sur-généralisation » de la peur sur tous les facteurs de l’environnement au moment où la punition apparaît – Y COMPRIS sur celui qui administre la punition.
Le gros problème — et le pire danger — d’un système d’éducation « punitive » finalement, c’est précisément cette efficacité évidente : nous, comme nos animaux, sommes renforcés par les conséquences de nos comportements et, constater que la punition « fonctionne » est un puissant renforçateur de nos propres actes. Nous risquons donc d’y recourir de plus en plus souvent et à de plus en plus mauvais escient, y compris dans des situations où des méthodes plus positives, moins « invasives » seraient parfaitement possibles ou envisageables.
Bien-sûr, travailler à remplacer un comportement gênant par un autre — acceptable et souhaitable — demande une réflexion, un engagement, du temps, (infiniment) plus de travail, de considération, de compréhension de l’autre, d’empathie (voir d’intelligence) que de recourir à une quelconque stratégie qui propulse l’apprenant dans l’évitement de ce qu’il redoute.
Il ne s’agit pas de « mode », de « féminisation » de l’éducation, il ne s’agit pas de marketing, il s’agit encore moins de catégoriser les éducateurs en grosses brutes épaisses ou en oursons multicolores : nous – précisément comme nos animaux – avons tendance à reproduire ce qui fonctionne et tout comportement a un but : si vous frappez votre animal parce qu’il vous saute dessus, il est possible qu’il arrête de vous sauter dessus (notez bien, que j’ai dit « possible » – ce qui est vrai pour cet animal aujourd’hui, ne sera pas vrai pour le même demain et peut-être jamais pour un autre). S’il cesse, vous aurez tendance à frapper plus souvent et, si insuffisant dans d’autres circonstances, plus fort. Vous aurez tendance à ne pas savoir changer de stratégie mais à réitérer la même, de manière plus affirmée « parce que si ça a fonctionné avant, ça doit fonctionner encore ».
… et vous serez rattrapé par la liste ci-dessus plus vite que prévu :-|
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Sujet: Re: La notion de punition Jeu 18 Fév 2016 - 17:29
Citation :
Comment NE PAS punir son chien Posted janvier 16, 2013 by caniclass in Education. Laisser un commentaire Article écrit par Céline Morin, en collaboration avec Isabelle de Dog-Educ.
De nombreux particuliers, éleveurs, de même que certains éducateurs canins voire même vétérinaires conseillent à leurs clients de punir physiquement leur chien afin de rester le « chef de meute ». Ils dispensent ainsi divers conseils, diverses méthodes de punition en se basant sur des théories issues d’anciennes études sur le comportement du loup aujourd’hui plus que fortement remises en cause dans leur application possible aux relation homme-animal.
Sans s’étendre sur le mythe de la domination, et sur les observations basée sur de récentes études qui établissent des différences fondamentales entre chien et loup, il est cependant essentiel de savoir que certaines de ces pratiques ont des effets néfastes, souvent même catastrophiques, tant pour les chiens que pour les humains. Au mieux, elles instaurent un climat de défiance, au pire elles conduisent à l’euthanasie en passant par toutes les étapes de la mise en place d’un cercle vicieux dont il devient très difficile de sortir. Entendons-nous bien aussi : une punition, unique, appliquée dans le timing exact, proportionnée à la « faute », stoppée au moindre signal « accusé de réception » même infime, envoyé par le chien est une méthode d’éducation tout à fait recevable et oui, qui peut fonctionner mais il faut alors maîtriser énormément de paramètres qui nous échappent trop souvent : le risque est bien plus important que le taux de réussite. Dans cet article, je voulais donc revenir sur une liste non exhaustive de ces punitions, considérées à juste titre comme des agressions par le chien, afin de rétablir certaines vérités et peut être d’éviter de futurs accidents.
> Secouer un chien par la peau du cou :
Pour ceux qui le conseillent, ils vous diront que c’est ainsi que la mère chien punit ses chiots, comme le fait également la louve. Ceci est faux : jamais une chienne ne secoue ses petits par la peau du cou ; ceci est synonyme en langage canin de mise à mort d’une proie. En punissant ainsi le chien, non seulement vous mettez votre chien en danger physiquement (lésions des cervicales) mais aussi psychiquement (chien craintif, chien agressif, perte de confiance en l’humain …).
> Retourner un chien sur le dos :
Là encore, ce conseil est basé sur les premières études des meutes de loups, afin d’asseoir son autorité sur le chien, montrer que l’homme est « l’alpha », le « chef de meute ». Depuis heureusement, il a été établi par des observations scientifiques plus poussées que ces interprétations étaient erronées. Que ce soit lors d’une bagarre, ou simplement lors d’une phase d’observation, le loup de rang supérieur ne soumet pas le loup de rang inférieur : ce dernier se soumet de lui-même, en se tournant sur le dos afin de montrer sa « soumission » au loup de rang supérieur.
En aucun cas, la soumission n’est forcée, elle est toujours volontaire, c’est cela qui force le respect. Un humain qui retourne un chien sur le dos ne sera pas considéré par ce dernier comme étant son « dominant » car cela ne fait pas partie du langage canin ; il sera au mieux considéré comme un bipède despotique.
De plus jusqu’à 4 à 5 mois, ce comportement est totalement incompréhensible pour le chiot qui dispose d’une « licence bébé » auprès des adultes.
> Mettre la truffe du chien dans ses excréments :
Ceci a été établi par l’homme, sans aucun contexte scientifique. A l’époque, il pensait qu’en procédant ainsi, le chien comprendrait qu’il ne devait ni uriner, ni déféquer à l’intérieur de la maison. Mais à l’inverse, une telle action provoque chez le chien une très forte anxiété, à tel point que la plupart du temps, il se met à manger ses propres excréments, ou bien à faire dans des recoins de la maison à l’abri du regard des humains, car il traduit par « on ne fait pas devant l’humain » ou « ceci doit disparaître »; mais en aucun cas une telle action n’apprend au chien la propreté. > Lever un chien face à soi en le serrant par le cou :
J’ai vu ce type d’action plusieurs fois. Là non plus, aucune observation scientifique, si ancienne soit elle, n’a jamais décrit une telle punition comme étant propre au loup. Il s’agit d’une punition purement humaine, presque comme le ferait certains humains envers d’autres humains, sous un accès de violence.
C’est de loin à mes yeux l’attitude la plus dangereuse, tant pour le chien que pour l’humain ; l’étranglement chez le chien, levé ainsi en position droite, aura des conséquences catastrophiques sur son cou, ses cervicales, le reste de son ossature ; il se sentira physiquement menacé, et cela fera à terme de lui un chien craintif, ou extrêmement agressif pour les sujets les plus sensibles et les plus caractériels.
Quant à l’homme, le danger réside dans la morsure : un chien, lorsqu’il est agressé et n’a plus aucun autre moyen (signaux ignorés, grognements réprimés), se défend en mordant ; en levant ainsi son chien par le cou, en lui criant dessus, l’homme va déclencher un stress très fort chez le chien ; pour peu que celui-ci soit dans une phase d’excitation intense (favorisée par la présence d’un autre chien, d’une situation inconnue ou estimée dangereuse), le chien pourra se secouer vigoureusement afin d’échapper à l’étreinte de l’homme et se défendre en attaquant directement le visage de ce dernier.
Avec un chien de moyenne ou grande race, les dégâts peuvent alors très vite s’avérer énormes.
> Mordre l’oreille :
Cette punition est très souvent entendue dans le mushing (activités des mushers et chiens de traîneaux). Pour autant, elle n’a aucune valeur dans le langage canin : que vous mordiez l’oreille, la joue, le cou le jarret ou n’importe quelle partie du corps de votre chien, il ressentira cela comme une agression (un chien normalement constitué prévient toujours avant de passer à une telle extrémité qu’est la morsure… mais pas l’humain ?!), pas comme une volonté de dominer. Et là encore, la dangerosité de cet acte est facile à déceler : la proximité du visage de l’homme et de la gueule du chien … il suffit que ce dernier se retourne pour ne faire qu’une bouchée de votre nez !
> Frapper à coups de poings et de pieds :
Certains osent conseiller cela car il faut répondre à la bestialité par la bestialité ! Là encore, à part rendre le chien ultra craintif ou ultra agressif, quelles véritables conséquences ? Le risque pour l’homme de se faire mordre également et de perdre de manière définitive la confiance de son chien.
Le chien arrêtera sans doute le comportement gênant sur le coup , afin de faire cesser ces agressions … Mais pour autant, il n’aura aucun respect vis-à-vis de l’humain qui lui aura infligé de tels châtiments.
D’ailleurs, justifier de telles violences reviendrait à accorder que l’on puisse frapper un chat, un lapin ou n’importe quel être vivant, qu’il soit à 4 pattes ou à 2 pattes.
Qui plus est, si vous stoppez un comportement gênant sans en traiter l’origine, un nouveau comportement peut-être plus gênant encore pour vous apparaitra.
Seuls les chiens qui n’ont pas confiance en eux cherchent à dominer les autres par des démonstrations de force. L’humain, en se conduisant ainsi et en infligeant des punitions corporelles ou des contraintes physiques à leur chien ne se positionnent pas en tant que leader sûr de lui ; c’est même l’inverse qui se produit.
Il est en effet plus aisé de frapper que de réfléchir ; pourtant, c’est également plus dangereux, tant pour l’homme que pour le chien, et inefficace en apprentissage. Un chien apprendra mieux par la motivation que par la punition.
La violence est l’apanage des faibles. Punir un mauvais comportement est pour autant tout à fait possible :
– en enlevant quelque chose d’agréable :
Ex. Votre chien vous mordille un peu trop fort lors d’un jeu : stoppez le jeu, quittez la pièce sans un regard & fermez la porte derrière vous pour qu’il ne puisse pas vous suivre, etc
– en détournant son comportement sur un comportement qui, pour vous, est plus approprié :
Ex. votre chien aboie dans le jardin, appelez-le de l’intérieur sur un ton enjoué genre « j’ai trouvé un truc génial à faire ici, tu veux jouer avec moi ?.. Parce que non, moi, je ne viens pas aboyer dehors avec toi »
En un mot : montrez-vous intelligent !
Blog de Céline Morin : http://tance.blog.kazeo.com Site d’Isabelle de Dog-Educ : http://www.dog-educ.com/
Pourquoi les techniques basées sur le renforcement positif et la punition négative sont-elles encore si peu utilisées dans la majorité des clubs de dressage ? Elles sont pourtant connues depuis longtemps et ont fait leur preuve à de nombreuses reprises. Il n’y a certainement pas une seule et unique réponse mais voici plusieurs pistes.
Dans les années 1920, le Dr Ivan Pavlov découvre un peu par hasard le processus appelé le « Conditionnement Classique ». Trente ans plus tard, le Dr Burrhus Skinner poursuit les travaux de son prédécesseur et définit le processus du « Conditionnement Opérant » avec les notions de renforcement positif, renforcement négatif, punition positive et punition négative. Depuis, ces différents processus d’apprentissage ont été testés sur d’innombrables types d’animaux et d’humains. Ces expériences n’étaient malheureusement pas dénuées de cruauté dès lors qu’elles recouraient à la punition positive et au renforcement négatif. Inconfort et souffrance faisaient tout simplement partie de la méthode. Utilisés de façon plus ou moins intense, de façon constante ou intermittente, ils avaient pour but de mettre fin à un comportement (punition positive), ou d’augmenter un comportement (renforcement négatif). Aujourd’hui, les techniques basées sur la punition positive et le renforcement négatif sont de plus en plus décriées. Pourtant, une enquête récente (2015) de l’association de défense des animaux « One Voice » montre que ces techniques dépassées sont encore souvent utilisées dans de nombreux centres de dressage. Elles sont même encore parfois conseillées par des comportementalistes canins. L’utilisation du collier étrangleur, les coups de laisse, coups de sonnette (saccades sèches sur le collier), les cris, les tractions fortes, le plaquage au sol, les coups de pied, et parfois même la pendaison semblent encore et toujours d’actualité. Aucune distinction n’a encore été faite entre le dressage du chien de famille ou le dressage plus spécifique des différentes disciplines sportives comme par exemple le dressage au mordant (discipline de Ring ou de RCI), le dressage à l’obéissance, en agility ou le dressage des chiens de chasse.
Pourquoi punir son chien
On peut se poser la question. Pourquoi les techniques basées sur le renforcement positif et la punition négative sont-elles encore si peu utilisées dans la majorité des clubs de dressage ? Elles sont pourtant connues depuis longtemps et ont fait leur preuve à de nombreuses reprises. Il n’y a certainement pas une seule et unique réponse mais voici plusieurs pistes. Bon nombre de sociétés dites « primitives » font la part belle aux louanges et à la valorisation des compétences acquises. Chez nous au contraire, la peur et la punition restent encore aujourd’hui les fondements de notre société. Dès le plus jeune âge, le tout petit qui découvre le monde et touche innocemment des objets dangereux ou fragiles reçoit une petite tape sur la main. Ensuite viennent les sanctions, menaces physiques et verbales (père fouettard, police, etc.), les chantages, fessées, gifles, mises à l’écart, enfermement (dans une chambre ou pire à la cave), les interdictions (de sortie) et les privations (de dessert). A l’école, les sanctions continuent à ponctuer les apprentissages : retenues, règlements à recopier, examens de passage, redoublement, etc.
A l’âge adulte, ce sont les amendes que l’on redoute lorsqu’on roule trop vite, qu’on ne met pas sa ceinture, qu’on ne paye pas ces impôts à temps, etc. Bref, toute notre vie est basée sur les sanctions et les rapports de force. D’autres facteurs peuvent expliquer le recours à la sanction : la méconnaissance de l’autre, la non reconnaissance de sa sensibilité (de ses capacités, de son intelligence, de sa culture, de ses besoins), l’interprétation erronée de ses actes, les suppositions, la frustration, la colère, le jugement, le rôle de l’ego, le besoin de dominer l’autre. Dans pareil contexte, on peut comprendre combien il peut être difficile pour certains de fonctionner autrement que par la sanction.
Changer pour mieux aimer
Il semble que l’être humain ait de réelles difficultés à se remettre en question, à changer ses habitudes et ses croyances. Il a tendance à rester sur ses acquis. Pourtant, avec un peu de bonne volonté et d’intelligence, il est aussi capable, quoique bien moins facilement que le chien, de changer ses habitudes. Notamment par l’éducation et la formation. A l’heure actuelle, il n’est toujours pas simple de trouver un centre d’éducation pour chiens qui pratique un dressage bienveillant et positif. La demande des propriétaires consciencieux se fait cependant plus pressante. De plus en plus de gens refusent, avec raison, d’avoir recours à la contrainte, à la sanction et à la douleur. Ces nouveaux maitres responsables cherchent à mieux comprendre les besoins et les codes de leur animal afin de pouvoir développer une relation basée sur la complicité, la compréhension et le respect partagés. Le renforcement positif et la punition négative permettent d’ailleurs un dressage plus rapide et plus stable. Pas question ici de « Chien Roi » car, en tant que « Parent Adoptif », nous restons responsables de notre chien et de ses actes. Il importe donc de l’éduquer au mieux de sorte qu’il devienne et reste un chien équilibré et non une nuisance pour autrui. Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire de bien comprendre les besoins du chien familier, ses codes sociaux, ses motivations, son caractère. Grâce à une utilisation judicieuse du conditionnement classique et opérant, des processus d’apprentissage basés sur le renforcement positif, la punition négative, le langage corporel et verbal adéquat, il est parfaitement possible d’oublier la punition comme moyen d’éducation.
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Sujet: Re: La notion de punition Sam 3 Sep 2016 - 19:25
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Sujet: Re: La notion de punition Mer 7 Fév 2018 - 10:40
Citation :
Christine Col 4 juillet 2017 ·
Aujourd'hui, nous parlerons de "la torgnole" Oui oui. La baffe. La "tapette sur le museau". Bref, frapper son chien pour corriger un comportement indésirable. Ca vous choquera peut être (ou pas?) mais beaucoup dédramatisent ce geste, l'utilisent souvent (surtout sur un jeune chiot qui mordille, vos mains, vos lacets, votre pantalon, les meubles... etc ; sur un chien qui grogne, ou qui n'obéit pas "tout de suite maintenant dans la seconde vite vite" à un ordre donné (assis, au pied, pas bouger, rappel...) Alors "ça n'est qu'une petite baffette, ça ne lui fait pas mal" et "de toutes façons, il faut bien qu'il apprenne, on ne peut pas lui laisser faire n'importe quoi" s'entend beaucoup. Parce que oui, c'est bien connu, si on ne frappe pas son chien (ou son enfant... bref...) de temps en temps, on est bien trop "laxiste". Ainsi, les éducateurs en positif passent encore et toujours pour des bobos fantaisistes qui vivent dans une maison où les chiens (et oui oui, on refera le parallèle avec les enfants, parce qu'on le vaut bien XD) font la loi, possèdent le canapé et le lit, mâchouillent le mobilier et en gros; font ce qu'ils veulent de nous, pauvres humains démunis. La domination du monde à son paroxysme, je vous le dit, méfiez vous. Mais bref, si vous vous dites qu'une torgnole, c'est rien, ça fait pas mal, et c'est bien utile pour "corriger" un mauvais comportement de votre chien, ce texte est pour vous. Alors non, je ne vous traite pas de maltraitants, ou de bourreau. On ne va pas tomber dans l'émotionnel ici, on va parler de faits (vu que pour vous, une tapette n'est en rien grave, c'est plutôt banal en soi, tout le monde le fait, même votre éleveur vous dit que c'est nécessaire, la vie c'est pas du gâteau ma bonne dame...) Mon propos ici sera plutôt de parler d'efficacité. Le geste, qui part souvent "tout seul" dans l'énervement (ou qui est parfois bien plus automatique chez certains... bref), est-il approprié pour apprendre quelque chose à son chien? Je vous rassure : vous apprenez bien quelque chose à votre chien. N'ayez pas l'air si outré, c'est pourtant bien vrai. On lui apprend qu'en présence de son humain, particulièrement s'il est physiquement proche de lui, il peut "en prendre une". Il peut apprendre que s'il est à l'extérieur, en laisse, en présence de son humain et d'autres chiens, il peut en prendre une. Il apprend que s'il revient vers son humain, il peut en prendre une, il apprend que s'il a peur, et qu'il communique sa peur (qu'il prévient qu'il a très peur et qu'il pourrait en venir aux crocs), il peut en prendre une. Il apprend que s'il est en présence d'enfants, il peut en prendre une... je pourrais continuer longtemps comme ça, mais je pense que vous comprenez l'esprit de la chose. Ca serait si facile si le chien pouvait effectivement faire le lien entre la "correction" et la partie de son comportement qui a fait qu'il "en a pris une". Mais il n'en est rien. Ce qu'il sait, lui, c'est qu'il a pris une baffe. Il fera le lien avec la situation, mais ça sera rarement le lien que vous souhaitez ou que vous attendez. Alors, ce que nous disons, et quand je dis 'nous', je parle des éducateurs / comportementalistes en positif dans leur généralité; c'est que la baffe n'apprend rien de constructif ou de positif au chien. On n'a jamais dit qu'il fallait "laisser faire". On a toujours dit qu'on souhaitait "leur apprendre de façon plus positive". C'est très différent. Alors oui, ça implique à un moment donné de se remettre en question. De penser un chouilla différemment. De préférer réfléchir à chaque situation donnée, au comment du pourquoi qu'on pourrait faire pour lui expliquer que là, ça fait mal les petites dents comme des aiguilles, et que oui, mâchouiller le jouet plutôt que les meubles, bah ça nous va mieux. Et au final, c'est aussi mieux pour lui, parce qu'il est top, ce jouet. Ainsi, il verra aussi que l'humain, il est fun, et que c'est agréable d'être à côté de lui. Du coup, bizarrement, il vient quand on l'appelle, ou plutôt il ne nous quitte pas d'une semelle... En gros, apprendre par le jeu, ça reste apprendre, non?