Le Chow-Chow

Plus de 500 millions d'années séparent l'apparition de la vie de celle des carnivores. Au cours de cette période, diverses espèces se côtoient. Les premières, très primitives, ne consomment que des végétaux. Pour des raisons d'ordre climatique la plupart disparaissent. Les survivants ont su s'adapter aux nouvelles conditions.
Les Créodontes sont la première famille de carnivores connus (il y a 65 millions d'années). Peu intelligents, ils ne savent adapter leurs techniques de chasse à la rapidité de plus en plus grande des herbivores. Ils disparaissent il y a 50 millions d'années pour laisser place aux Miacidés, plus véloces. Ce sont des animaux arboricoles de petite taille, à la queue longue et aux capacités crâniennes supérieures. Ces petits animaux, installés dans diverses régions du monde, se transforment en fonction des proies disponibles. C'est ainsi qu'arrive l'ensemble des "chats" qui précède celui des "chiens" voici 32 millions d'années.
L'Hemicion constitue l'une des premières espèces des ours (20millions d'années). D'origine asiatique, il peuple l'ensemble de l'Eurasie. A la faveur des glaciations, une nouvelle lignée (Arctotherium) traverse l'actuel détroit de Béring. Sa présence remonte à 3,5 millions d'années en Amérique. Il s'agit de l'ours à face courte. Sur le continent eurasien, il se perpétue sous la forme d'ours primitifs de petite taille (taille d'un renard), puis sous des aspects de plus en plus imposants. L'Ursus minimus, l'ancêtre des ours lippus, malais et noir, se manifeste voici 8 millions d'années.
Une des premières branches à se détacher de l'ours étrusque est celle du Grand Ours des Cavernes. On trouve sa trace pour la première fois en Europe il y a 1,5 millions d'années. Très petit à l'origine, il devient progressivement plus imposant (400 kg environ). A son apogée (- 80 000 à -12 000 ans), il occupe la totalité des régions européennes à climat océanique, tant en plaine qu'en montagne.
Vers la fin de l'ère tertiaire, les ours d'Auvergne et étrusque s'étendent sur l'ensemble de l'Eurasie où il rencontrent une grande diversités de milieux et de climats. Sous la pression de conditions particulièrement inhabituelles ces espèces évoluent il y a 1,5 millions d'années, vers 4 formes arboricoles nouvelles : l'Ours à collier d'Himalaya, l'Ours Baribal d'Amérique, l'Ours lippu et l'Ours des Cocotiers. En Asie, l'émergence d'un nouveau type d'ours se précise peu à peu avec des espèces de plus en plus évoluées se rapprochant de l'ours brun actuel. Ce dernier apparaît en Chine il y a 600 000 ans environ.
Après une colonisation rapide du continent asiatique, il s'installe en Europe 250 000 ans avant notre ère. Entre 70 000 et 40 000 ans, il pénètre en Amérique du Nord. Des espèces, plus habituées au froid, traversent le détroit de Béring. Au cours de la traversée, certains spécimens prisonniers de la banquise se voient contraints de chasser des mammifères marins pour subsister. Leur nouveau mode de vie, basé sur la capture d'animaux vivants, les condamne au mimétisme : ils deviennent blancs; une nouvelle espèce est née : l'Ours polaire

Sortant des brouillards d’un lointain passé, fuyant vers le sud des déserts de l’Arctique,vint l’impénétrable chow-chow, témoin d’une espèce canine du Miocène, intermédiaire entre le chien et l’ours,seule race à posséder la langue bleu-noir.

               Poussé par l’instinct de conservation à travers la vaste étendue de l’Asie orientale, il s’établit et fit souche sur les hautes steppes glacées de la Mongolie longtemps avant l’apparition de l’homme.

               De grands progrès ont été faits en archéologie et en paléontologie depuis l’époque où Leighton écrivit son ouvrage, si souvent cité sur l’origine et l’histoire du chow chow. Depuis lors, l’accès est devenu possible à de nouvelles traductions et d’autres chroniques. Des régions, jusque-là inaccessibles ou fermées se sont ouvertes à la bêche des archéologues et à l’étude de l’explorateur et du savant, tous obstinés à arracher à la nature les secrets de l’évolution.

               L’histoire des origines du chow a été mal interprétée, en partie à cause de traductions inexactes, en partie à cause de l’ignorance et du manque d’esprit critique des premiers voyageurs, lesquels étaient peu capables d’observation scientifique et ignorants en matière de paléontologie canine.

               La paléontologie est la science de la vie ancienne, animale et végétale, cette zoologie et botanique du passé qui se base principalement sur les fossiles, restes reconnaissables d’animaux et de plantes enfouis dans les roches et le sol. L’étude des fossiles permet de répondre aux questions concernant les rapports, la filiation entre les espèces, et leur classification.

              Nous savons peu de choses de l’histoire de nombreux animaux, spécialement de celle des espèces rares. Or, le chow-chow est une race entièrement à part, résultant d’une évolution qui s’est déroulée il y a de nombreux millénaires dans un coin fermé et impénétrable de l’Asie.

               Il faut avoir une idée des conditions qui régnaient lors des ères lointaines qui virent l’évolution des premiers mammifères. A la période crétacée, Le climat était doux sur la plus grande partie du globe. Le climat des régions arctiques était beaucoup moins froid qu’à présent et sans grande accumulation de glace. Ces conditions persistèrent pendant la plus grande partie de l’ère tertiaire.

Dans le climat tempéré et relativement sec du Miocène, il y a de 28 à 12 millions d’années, les premiers mammifères, et notamment les carnivores, se répandirent et se développèrent, mais les glaciations les menacèrent d’extinction vers la fin du Pliocène. A quatre reprises, la glace se déplaça en broyant tout vers le sud, changeant les contours géographiques, et de nombreux animaux émigrèrent vers le sud, chassés par la progression implacable des glaciers.

               Certains s’aventurèrent à nouveau vers le Nord et restèrent définitivement dans ce qui était virtuellement une région impénétrable, à savoir les terres basses comprises entre l’Oural et la grande barrière montagneuse qui s’étend à travers l’Asie, du Sud-Ouest au Nord-Est.

               Depuis lors, la géographie de cette région n’a guère changé et le centre de cette région montagneuse orientale est considéré comme la source principale de nos connaissances en ce qui concerne les anciens mammifères. Dans le nord de la Sibérie, là ou le sol est gelé en permanence  jusqu’à une grande profondeur, on a retrouvé intacts des cadavres d’animaux du Pléistocène. Ils diffèrent en tous points des espèces actuelles.

               Les chiens actuels descendent tous des loups, des coyotes et des chacals, espèces toutes dépourvues de la langue bleu-indigo et de la démarche particulière qui sont l’apanage du chow chow. Certaines espèces rares d’ours asiatiques ont une pigmentation foncée et une langue bleue, y compris le petit ours noir du Nord de la Chine et de la Mandchourie (Selenarctos Thibetanus Ursicus) et l’ours bleu du Thibet et du Kan-su (Ursus Arctos Pruinosus), de taille relativement petite, et dont la découverte est récente.

               Loups, coyotes et chacals dérivent par évolution d’ancêtres communs. La famille des Miacidés, petits animaux grimpeurs, vivaient il y a 50 millions d’années. Elle se divisait en deux grands groupes : les Arctoïdiens, auxquels appartiennent « chiens », ragondins, ours et belette, et les Aéluroïdiens, auxquels appartiennent civettes et chats.

               Au début de l’Oligocène, Les Arctoïdiens produisirent le Cynodictis, ancêtre reconnu de tous les canidés et ancêtre possible du groupe des Fissipèdes. Le Cynodictis donna naissance, par évolution, au Cynodesmus et au Temnocyon du Miocène Inférieur, Géniteur des loups, renard, chacals, et des chiens domestiques, ainsi que d’un certain nombre de lignées de canidés confuses et éteintes qui n’atteignirent pas les temps historiques et dont aucune description ne nous est parvenue.

               L’évolution produisit de nombreuses ébauches, dont la plupart disparurent, mais quelques uns des lignées ancestrales prospèrent encore aujourd’hui.

              Un type primitif vivant ne peut, en effet, être trouvé que dans les coins retirés et inaccessibles du monde où, pour des raisons purement géographiques, il n’a pas été dérangé et à pu échappé au massacre. Hors de la portée de ses plus grands ennemis, il a pu survivre.

               C’est ainsi que des espèces inconnues ont été récemment découvertes dans les refuges montagneux du plateau du Thibet-Siking, le panda géant ou grand panda, la zibeline royale chinoise, un petit chat tacheté semblable à un ocelot, un grand singe sans queue, le petit ours noir de Mandchourie et l’ours bleu.

               Le chow-chow était également inconnu en Occident jusqu’à la fin du 18ème siècle.

               Les ours (famille des Ursidés) sont d’énormes « chiens » sans queue et sont la dernière espèce à s’être détachée de la famille des canidés, mais la filiation exacte est incertaine. On sait qu’il y a eu plusieurs ébauches. Il a dû y avoir plusieurs centaines d’espèces, dont la plupart a été totalement exterminée. Malgré cela, les ours comptent encore de nombreuses espèces, du petit ours noir de Manchourie à l’ours brun de Kodiak, le plus grand connu actuellement.
           

             Les petits ours noirs ont un museau qui, vu de profil, est plus large et convexe, leurs griffes sont plus courtes et ils sont plus compacts que l’ours moderne. Le grand panda du Thibet (Ailuropus) est considéré comme un type primitif qui dérive probablement de l’Hémicyon du Miocène.

               Vers l’Oligocène Inférieur, à l’époque où apparaissait le Cynodictis, on trouve le Daphoenus, chien-ours primitif, de la taille d’un coyote et ancêtre probable de l’Enhydrocyon du Miocène Inférieur, autre chien-ours primitif, qui avait des membres puissants et un museau court.

               Vers la fin du Miocène, on place l4Hémicyon, intermédiaire entre le chien et l’ours, de taille moyenne,très semblable au chien, avec une silhouette lourde, des membres courts et solides, un crâne larges et des griffes partiellement rétractiles.

               De l’Hémicyon dérive directement le Simicyon qui variait comme taille entre un renard et un petit ours. Son crâne, exceptionnellement court et large pouvait loger deux dents supplémentaires. Alors que le groupe des canidés normaux possède 42 dents, le Simicyon etl’Hemicyon en avaient 44 à 46.

               Dans ce coin fermé du monde, la région subarctique, ils ont prospéré en paix pendant des durées incalculables, s’adaptant à des changements mineurs de la géographie et du climat et évoluant dans diverses directions.
Des savants éminents pensent que le chow-chow est un descendant de ces espèces primitives, une sorte de fossile vivant confiné dans une aire limitée du globe et conservant des particularités importante.

        Il n’y a aucun moyen de savoir actuellement quelle était la pigmentation de l’Hemicyon ou du Simicyon ou celle de leurs ancêtres probables, l’Enhydrocyon et le Daphoenus. Mais ils avaient un point commun, le nombre de leurs dents. Le chow-chow, lui aussi, en a quarante quatre, mais il perd ordinairement des dents « supplémentaires » lorsqu’il fait sa dentition d’adulte.

        La langue bleu-noir est caractéristique du petit ours noir de Manchourie et du petit ours bleu du Thibet et du Kan-su. L’ours polaire l’a à un moindre degré. Tous ces animaux sont originaires de la même région et aucun d’entre eux n’a été trouvé ailleurs.

        Le «Canis Palustris » existait aussi sous sa forme originelle en Asie du Nord, mais la tête du «Canis Palustris » ressemble à celle du renard et n’a pas de « stop ».

        Les crânes d’un grand nombre de chiens préhistoriques trouvés en Siberie Centrale sont très différents du  «Canis Palustris ». Ils ont un front large et massif, un museau large et court, un corps carré. Ils furent partiellement domestiqués par l’homme de l’âge de pierre. On admet généralement que le « spitz », dont le chow est la souche primitive, est le type de chien vrai le plus ancien.