« Effet taille de groupe »
Par Carole Henrion, éthologiste au Refuge AVA.
La vie en groupe est observée chez un grand nombre d’espèces au sein du règne animal (Krause & Ruxton, 2002). Des insectes sociaux aux troupeaux de mammifères, en passant par les bancs de poissons, ces groupements présentent de nombreux avantages en termes de reproduction et de survie comme la protection contre les prédateurs, la mise en place de stratégies pour exploiter ou trouver les ressources alimentaires et une plus grande probabilité de rencontrer des partenaires sexuels.
Pour comprendre le fonctionnement de ces grands groupes, une multitude d’études ont été menées sur les comportements collectifs, notamment chez les vertébrés herbivores.
Une importante littérature existe pour décrire le comportement de diminution de la vigilance individuelle alors que la taille du groupe augmente (pour revue Roberts, 1996). De nombreux mécanismes sont proposés pour expliquer ce « group size effect ».
Tout d’abord il y a ceux liés à la prédation :
1- un plus grand nombre d’individus permet d’améliorer la détection des prédateurs (Pulliam, 1973) ;
2- au sein d’un groupe plus large, un individu donné a une probabilité plus faible d’être attaqué, c’est l’effet de dilution (Hamilton, 1971 ; Pulliam, 1973).
Ensuite, selon la répartition et la richesse des ressources alimentaires, il peut y avoir une compétition entre les individus pour s’alimenter (Beauchamp & Ruxton, 2003 ; Beauchamp 2003a ; Beauchamp 2003b). Des mécanismes de facilitation sociale, c’est-à-dire un effet d’entraînement des congénères qui pousse l’individu à produire le même comportement que ses voisins, rentrent aussi en jeu (Lazarus 1979 ; Clark & Mangel, 1986). La synchronisation des individus étant importante pour la cohésion du groupe, les activités sont en général coordonnées.
On observe donc dans une majorité de cas que les individus présents dans des groupes plus larges passent plus de temps à s’alimenter et moins de temps à observer leur environnement (Elgar, 1989 ; Quenette, 1990), alors que le même niveau de détection des prédateurs est maintenu à l’échelle du groupe.
Modifications du budget d’activité lié à l’effet taille de groupe
Chez de nombreuses espèces de vertébrés herbivores, une modification de la taille du groupe entraîne un changement du budget d’activité. [.../...]
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